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LE CERVIN

d’un vrai montagnard, eut la crainte d’être en retard pour la table d’hôte, et revint sur ses pas. Naturellement, lorsque ses compagnes furent de nouveau rassemblées sous l’œil sévère du « génie tutélaire », son absence jeta l’alarme, et toute l’école fut a nouveau dispersée sur le glacier pour chercher quelques traces de la jeune fille perdue. Le soleil s’était couché, et maîtresses et élèves se trouvèrent bientôt incapables de se sortir d’embarras. M. Seiler finit par être inquiet et les envoya chercher par un guide avec sa lanterne. Le guide passa le reste de la nuit à tirer toute cette jeunesse inconsolable des trous et des creux divers où elle était tombée.

Les espoirs de fortune de Burgener, mes espérances d’avoir découvert, en plein XIXe siècle, un dragon véritable, tout cela était mis en pièces. N’empêchait, comme dit Burgener, avec ou sans Esprits, nous avions eu une journée splendide et nous avions amassé des souvenirs qui ne nous quitteraient pas de longtemps dans les soirs d’hiver. Il ajouta : « C’est dommage que nous nous soyons tant pressés à propos de ces cierges. »