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LES NUITS D’HIVER.

De sa proue en triton sculptée
Le navire entr’ouvre dans l’eau
Un sillon d’écume argentée.
— Nous avons le vent et le flot.

Les falaises diminuées
Disparaissent dans le brouillard :
On ne voit plus que les nuées
Et l’Océan de toute part.
Isolé sur la mer immense,
Plus d’un qui s’embarqua joyeux
Sent la tristesse qui commence
A mettre de l’eau dans ses yeux.

La vieille Europe, notre mère,
A trop d’enfants pour les nourrir,
Va c’est aux champs d’une étrangère
Que notre moisson va mûrir.