Page:Murger - Les Nuits d’hiver, 1861.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
220
LES NUITS D’HIVER.

infecte, dont les gouttes tachaient le sol, comme la morsure d’un acide.

Et la terre tremblait sous ses pas, — rendant des bruits étranges.

Sur son passage, les oiseaux se taisaient, et cachaient leurs petits sous leurs ailes.

Les arbres frissonnaient comme aux jours où le vent se met en colère.

Les fleurs qui bayent à la rosée retenaient leur parfum.

L’herbe où s’allongeait son ombre devenait rousse, comme si elle eût été brûlée par une pluie de charbons ardents.

Et, comme, en passant près de la fontaine, le voyageur y plongea le bout de son bâton, — l’eau bouillonna soudain.

Et l’on vit s’élever dans l’air un brouillard de fumée noire et puante.

Et l’onde demeura croupie comme la fange des marais.