située dans le faubourg Saint-Germain, et il logeait au cinquième parce qu’il n’y avait point de sixième. Lorsque Colline arriva à la porte, il ne trouva point la clef dessus. Il frappa pendant dix minutes sans qu’on lui répondît de l’intérieur ; le vacarme matinal attira même le portier qui vint prier Colline de se taire.
— Vous voyez bien que ce monsieur dort, dit-il.
— C’est pour cela que je veux le réveiller, répondit Colline en frappant de nouveau.
— Il ne veut pas vous répondre, alors, reprit le concierge en déposant à la porte de Rodolphe une paire de bottes vernies et une paire de bottines de femme qu’il venait de cirer.
— Attendez donc un peu, fit Colline en examinant la chaussure mâle et femelle, des bottes vernies toutes neuves ! Je me serai trompé de porte, ce n’est pas ici que j’ai affaire.
— Au fait, dit le portier, après qui demandez-vous ?
— Des bottines de femme ! continua Colline en se parlant à lui-même et en songeant aux mœurs austères de son ami ; oui, décidément je me suis trompé. Ce n’est pas ici la chambre de Rodolphe.
— Faites excuse, Monsieur, c’est ici.
— Eh bien, alors, c’est donc vous qui vous trompez, mon brave homme ?
— Que voulez-vous dire ?
— Certainement que vous faites erreur, ajouta Colline en indiquant les bottes vernies. Qu’est-ce que c’est que ça ?
— Ce sont les bottes de M. Rodolphe ; qu’est-ce qu’il y a d’étonnant ?
— Et ceci, reprit Colline en montrant les bottines, est-ce aussi à M. Rodolphe ?
— C’est à sa dame, dit le portier.
— À sa dame ! exclama Colline stupéfait ! Ah ! le voluptueux ! voilà pourquoi il ne veut pas ouvrir.
— Dame ! dit le portier, il est libre, ce jeune homme ; si Monsieur veut me dire son nom, j’en ferai part à M. Rodolphe.
— Non, dit Colline, maintenant que je sais où le trouver, je reviendrai ; et il alla sur-le-champ annoncer les grandes nouvelles aux amis.