ris, Rodolphe rencontra sur la place de l’Église le cortége d’un baptême, dans lequel il reconnut un de ses amis qui était parrain avec une artiste de l’Opéra.
— Que diable faites-vous par ici ? demanda l’ami, très-surpris de voir Rodolphe dans ce pays.
Le poëte lui conta ce qui lui arrivait.
Le jeune homme, qui avait connu Mimi, fut très-attristé par ce récit, et, fouillant dans sa poche, il tira un sac de bonbons du baptême, et le remit à Rodolphe.
— Cette pauvre Mimi, vous lui donnerez ça de ma part, et vous lui direz que j’irai la voir.
— Venez donc vite, si vous voulez arriver à temps, lui dit Rodolphe en le quittant.
Quand Rodolphe arriva à l’hôpital, Mimi, qui ne pouvait pas bouger, lui sauta au cou d’un regard.
— Ah ! voilà mes fleurs, s’écria-t-elle avec le sourire du désir satisfait.
Rodolphe lui conta son pèlerinage dans cette campagne qui avait été le paradis de leurs amours.
— Chères fleurs, dit la pauvre fille en baisant les violettes. Les bonbons la rendirent très-heureuse aussi. On ne m’a donc pas tout à fait oubliée ! Vous êtes bons, vous autres jeunes gens. Ah ! je les aime bien, tous tes amis, va ! dit-elle à Rodolphe.
Cette entrevue fut presque gaie. Schaunard et Colline avaient rejoint Rodolphe. Il fallut que les infirmiers vinssent les faire sortir, car ils avaient dépassé l’heure de la visite.
— Adieu, dit Mimi ; à jeudi, sans faute, et venez de bonne heure.
Le lendemain, en rentrant chez lui le soir, Rodolphe reçut une lettre d’un élève en médecine, interne à l’hôpital, et à qui il avait recommandé sa malade. La lettre ne contenait que deux mots :
« Mon ami, j’ai une bien mauvaise nouvelle à vous apprendre : le no 8 est mort. Ce matin, en passant dans la salle, j’ai trouvé le lit vide. »
Rodolphe tomba sur une chaise et ne versa pas une larme. Quand Marcel rentra le soir, il trouva son ami dans la même attitude abrutie ; d’un geste, le poëte lui montra la lettre.
— Pauvre fille ! dit Marcel.