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Ils sont mille contre un, mais ce un existe et ces mille ne sont pas, et ce qui le prouve c’est justement leur nombre qui n’a pu produire un champion digne d’entrer en lice.

Nos auteurs aujourd’hui sont les manœuvres qui préparent lentement la voie à l’avenir ou au passé, suivant qu’une ère nouvelle s’ouvrira, ou que rien n’arrivant il faudra regarder derrière soi pour trouver le mieux. Bien habile serait celui qui pourrait dire avec certitude : ce désordre prépare un grave événement littéraire, de ce chaos jaillira un génie nouveau ! Rien ne l’annonce si ce n’est deux ou trois noms qui nous semblent aujourd’hui dignes de toute notre admiration parce que nous les considérons au point de vue du présent, mais qui, jusqu’à ce jour du moins, ne marcheraient pas de pair avec les gloires dramatiques du passé.

Et cette décadence d’où vient-elle ?

D’abord d’une incapacité réelle chez quelques-uns, d’une négligence volontaire chez beaucoup. Notre époque est commerçante ; si la gloire vient tant mieux parce qu’elle apporte de l’argent voilà tout.

Si l’on fait un roman ou en fera une pièce, et réciproquement, non pour être deux fois célèbre, mais pour gagner deux fois de l’argent.

On ne travaillera pas ses ouvrages, parce que