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musée des familles.

CHRONIQUE DU MOIS.

ce aux soins de la Société nationale des Beauxt nous assistons aujourd’hui à une exposition à peu ►générale des œuvres d’Eugène Delacroix, os ne reviendrons ni sur la biographie de l’artiste • le jugement que nous avons porté, bas n’aurions même pas parlé de l’exposition du L fard des Italiens, si, à côté des tableaux déjà conpublic, nous n’y avions vu réunie la collection ifbs complète des dessins d’Eugène Delacroix. Or, si ilqaes critiques, plus épris de la ligne que de la cou- "r, ont jusqu’ici refusé à notre grand peintre la place (lui est due dans l’école moderne, l’exposition ac-Ê ^Sjile les ramènera sans aucun doute à une appréciation ftp juste de son talent. C’est surtout dans les dessins et fef esquisses d’Eugène Delacroix que brillent les grandes (plités qui le distinguent.. Cette opinion a le droit d’étonner ceux qui ne lui reconnaissaient qu’un mérite, la couleur. Rien cependant de plus juste, et les lccteum (Ton journal illustré ne peuvent ignorer que la couleur appartient au dessin aussi bien qu’à la peinture. Seulement, tandis que, pour l’obtenir, le peintre possède toute la gamme des nuances, le dessinateur ne dispose que de blanc, du noir et des tons intermédiaires. La difficile est plus grande, voilà tout, et le mérite plus grand tttri quand la difficulté est vaincue. Les dessins d’Eugène Delacroix forment donc la partie h moins discutable de son œuvre. Dans ces improvisations, dans ces indications sommaires, où les sous-entendus complètent plus sûrement la pensée que ne le ferait trop de précision, ses qualités de force, d’émotion, de mouvement se développent dans leur entière liberté. Le* erreurs disparaissent et se fondent dans l’ensemble harmonieux,

te général Bazaine, à qui ses grands service» ont f élu le bâton de maréchal, est né à Versailles le 13 février 18M. Il s’engagea au 37 6 de ligne, le 28 mers 1831 ; pww ensuite comme fourrier à la légion étrangère, et fut nommé sous-lieutenant le 2 mars 1833, Comme il remplissait les fonctions de fourrier, raconte an de nos confrères, il avait une assez vilaine écriture ; awsi soo sergent-major, un calligraphe de la force de Fawrger» lui répétait-il souvent :

— A quoi voulez- vous qu’on arrive avec une telle nain ?

Tîe grave défaut n’empêcha pas le fourrier de 1831 de P*Kr chef de bataillon en 1844, lieutenant-colonel en 1848, colonel en 1850, général de brigade en 1834, général 4e division en 1855, et maréchal de France «1864.

Best vrel qu’il se servait mieux de son épée que de a plume, et que Milianab, le Maroc, l’Aima, lnkermann, MaJakofî, Kioburn et le Mexique sont des titres qui va* lent bien un paraphe savamment dessiné. H y a deux ans, le général Bazaine, passant l’inspection d’un régiment de ligne, reconnut son ancien sergent-major, devenu capitaine.

  • - Eh bien ! mon cher capitaine, dit-il, croyez-vous

toefours que je n’arriverai à rien ?

— Euh ! fit le vieux soldat, cola n’empêche pas, mon général, que vous serez plus vite maréchal de France que calligraphe distingué.

Le général Bazaine est aujourd’hui maréchal, l’histoire ne dit pas s’il a pris des leçons d’écriture. Quelques journaux ont publié sur Moïse Mendelssohn une anecdote assez curieuse pour que nous lui donnions le droit de cité dans nos colonnes. Mendelssohn était bossu, et cependant il épousa une femme charmante. Voici dans quelles circonstances : Il fit la connaissance à Hambourg du riche banquier Gugenheim et de sa fille. Gugenheim, qui l’avait apprécié à sa valeur, lui témoigna un jour le regret que son infirmité s’opposât à des projets d’alliance. Mendelssohn devait retourner à Berlin. Il demanda au banquier la permission de prendre congé de sa fille. A peine celle-ci f eut-elle aperçu, qu’elle l’apostropha en ces termes :

—•Rabbin, croyez-vous que les mariages de ce monde lofent d’avance arrêtés dans le ciel ?

— Oui, mademoiselle, répondit Mendelssohn ; chaque fois que naît un garçon, on lui montre au ciel la femme qui lui est destinée. Et voulez-vous savoir quelle épouse me fut désignée à ma naissance ? Vous-même ; mais alors vous n’étiez pas la ravissante jeune fille que je vois aujourd’hui, hélas ! non. Vous étiez affligée d’une bosse monstrueuse. Alors je m’écriai : Grand Dieu ! la belle Gugenheim avec une bosse ! Comment la supporteral-elle ?

Père céleste ! retirez-la-lui et donnez-la-moi ! 

Le Seigneur m’exauça, mademoiselle, et voilà pourquoi j’ai le malheur de vous déplaire.

M ,,e Gugenheim fut si touchée de ces paroles, qu’elle tendit la main au philosophe, et, quelques mois après, elle s’appelait madame Mendelssohn.

Le voyage de S. M. l’Impératrice à Schwalbach (duché de Nassau) a fourni une abondante moisson aux chroni-Sueurs parisiens. On a surtout parlé de la lettre de crédit onnée par le célèbre banquier de la rue Lafûtte à sa noble cliente ;

« M. Rothschild de Paris prie M. Rothschild de Francfort de mettre à la disposition de M™ la comtesse de Pierrefonds sa personne et sa fortune. » La lettre est jolie, sinon authentique, et montre une fois de plus que les millions n’ont absolument rien d’inconciliable avec l’esprit, comme voudraient le faire croire certains déshérités de la fortune.

Ce mot de M, de Rothschild nous en rappelle un autre qui, au besoin, démonlreralt une seconde fois l’exactitude de nos conclusions.

M. X***, très-riche banquier, est assis à son bureau, et dépouille une correspondance du plus grand intérêt, quand son valet de chambre ouvre discrètement la porte gt annonce :

— M. le duc de...

— Veuillez prendre une chaise, dit le banquier, sans lever la tête, et tout entier à son travail.

— Mais, monsieur, fait le visiteur... cette façon de me recevoir... Vous ne savez donc pas qui je suis... M. le duc de...