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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/175

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ferait défaut à son esprit subtil ? Ce n’est pas là ce qui t’inquiète ; mais ce qu’elle veut, ce qu’elle espère, c’est justement un scandale étouffé, c’est qu’on s’aperçoive de sa fuite, et que, sans en pouvoir deviner ou vouloir éclaircir la cause, on n’ose point passer outre et disposer de sa main.

Fabrice.

Quelles imaginations tu te crées ! A-t-elle donc de la haine pour Visconti, ou de l’amour pour quelque autre ?

Michel.

Qui sait ?

Fabrice.

Pur fantôme, te dis-je !

Michel.

Pas tant que tu peux le supposer. Je connais la tête des Vénitiennes ; je l’ai étudiée autre part que dans les miroirs des courtisanes. Il ne m’étonnerait pas le moins du monde que Faustine se fût échappée, sans réfléchir d’avance où elle irait, et dans le seul but que je viens de te dire.

Fabrice.

Ainsi tu crois qu’elle va revenir ?

Michel.

Il le faut bien. Si elle cherche un scandale, c’est dans ce palais, vis-à-vis de nous seuls, et non ailleurs.