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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/203

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La comtesse.

Sais-tu, ma chère Marguerite, que tu débutes justement comme une scène de tragédie ! Vous qui étiez jadis… je vous trouve maintenant… Et quoi donc ?

Marguerite.

Eh bien ! comme on dit… triste… languissante…

La comtesse.

Ah ! languissante Parles-tu déjà comme ton bien-aimé M. de Prévannes ?

Marguerite.

Mon bien-aimé ! Cela vous plaît ainsi. Vous vous moquez de moi ; mais vous soupirez, vous êtes inquiète. Je n’y comprends rien, car vous êtes si belle ! et vous êtes jeune, veuve et riche, vous allez épouser le baron.

La comtesse.

Ah ! Marguerite, que dis-tu ?

Marguerite.

Vous voyez bien que vous soupirez. Il est vrai que M. de Valbrun est quelquefois de bien mauvaise humeur ; c’est un caractère singulier. Est-ce que vous avez à vous plaindre de lui ?

La comtesse.

Je n’ai qu’a répondre à tes questions. Quelle grave confidente j’aurais là !

Marguerite.

Grave, non ; mais discrète, au moins. Vous croyez, parce que je ne suis pas… bien vieille… qu’on ne