Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/210

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Marguerite.

Il nous manquait cela ! Je m’enfuis.

Prévannes.

Laissez, laissez, vous avez le temps. Je l’ai rencontré dans les Tuileries, qui se promenait d’un air funèbre, au fond d’une allée solitaire. Il s’arrêtait de temps en temps avec des attitudes de méditation. Quelqu’un qui ne le connaîtrait pas aurait cru qu’il faisait des vers.

Marguerite.

Et monsieur le marquis n’admet pas qu’on puisse avoir un goût qui lui manque ?

Prévannes.

Ah ! ah ! je n’y prenais pas garde ; j’arrive ici comme Mascarille, sans songer à mal, et je ne pense pas qu’il faut me tenir sur le qui-vive. Eh bien ! ma charmante ennemie, que dites-vous ce matin, mademoiselle Margot ?

Marguerite.

D’abord, je vous ai défendu de m’appeler de cet affreux nom-là.

Prévannes.

Défendu ! ah ! c’est mal parler ; vous voulez dire que cela vous contrarie. Vous avez raison ; cela choque ce qu’il y a en vous de majestueux.

À la comtesse.

Décidément, vous êtes préoccupée.

La comtesse.

Oui, je vous parlerai tout à l’heure.