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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/215

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La comtesse.

Non, non, vous êtes presque mon parent ; d’ailleurs, j’ai toute confiance en vous, et j’ai besoin de parler franchement. Vous connaissez, n’est-ce pas, la position singulière où je me trouve ? Veuve et libre, j’ai une famille qui ne peut, il est vrai, disposer de moi, mais dont je ne voudrais, sous aucun prétexte, me séparer entièrement : je ne suis pas forcée de suivre les conseils qu’on peut me donner, mais vous comprenez que les convenances…

Prévannes.

Oui, les convenances… et mon ami Valbrun…

La comtesse.

M. de Valbrun, avant mon mariage, avait, vous le savez aussi, demandé ma main. Depuis ce temps-là, il s’était éloigné, il était allé… je ne sais où ; je ne l’ai plus revu. Maintenant il est revenu, il a renouvelé sa demande ; elle n’a point été repoussée, et… comme je vous le disais, les convenances, les intérêts de famille, et même une inclination réciproque… je ne vous cache rien…

Prévannes.

À quoi bon ?

La comtesse.

Tout s’unissait, s’accordait à merveille. Voilà trois mois que les choses sont ainsi. Il me voit tous les jours, et il ne dit mot.