Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/252

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Marguerite, lisant.

« Que rien ne retarde plus mon bonheur… »

Valbrun.

Qu’en pensez-vous ? À quelle femme ose-t-on écrire d’un pareil style ? Y a-t-il rien au monde de plus impertinent, de plus insolent ?

Marguerite.

À dire vrai…

Valbrun.

N’est-il pas visible que, pour écrire ainsi à une femme, il faut s’en supposer le droit ? et encore peut-on l’avoir jamais ? Et la comtesse tolère un pareil langage ! Mademoiselle, il faut nous venger !

Marguerite, lisant toujours.

« Mais est-ce assez de me le dire !… »

Valbrun.

Vous lisez attentivement.

Marguerite.

Oui, je m’écoute lire. Et vous voulez que nous nous vengions ? Comment cela ?

Valbrun.

En les abandonnant, en rompant sans mesure avec eux. Ils nous trompent et se jouent de nous. — Si vous ressentez comme moi un tel outrage, oublions deux ingrats. Acceptez ma main.

Marguerite, avec distraction.

Votre main ?