Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/335

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et se meurt. A…, la nouvelle marquise, est plongée dans les douceurs de la lune de miel.

La tragédie de Judith de madame de Girardin a été jouée par Rachel. Je vais demain chez la même madame de G. entendre mademoiselle Hagn, la première tragédienne de l’Allemagne, dit-on, déclamer, en allemand, devant la même Rachel. Je regretterai de ne pouvoir pas t’en rendre compte. Ce sera curieux, — personne n’y comprendra mot. — M. Ponsard, jeune auteur arrivé de province, a fait jouer à l’Odéon une tragédie de Lucrèce, très belle, — malgré les acteurs. — C’est le lion du jour ; on ne parle que de lui, et c’est justice. — Je me suis réconcilié avec V. Hugo. Nous nous sommes rencontrés à déjeuner chez Guttinguer. — Madame Hugo m’a envoyé son album ; j’y ai écrit un sonnet sur cette rencontre, qui m’avait réellement touché ; — il m’a répondu une lettre très bien. J’ai fait aussi plusieurs sonnets pour madame Ménessier, qui m’en a renvoyé deux très jolis ; Hetzel en est pâle. — Chenavard continue à aller au Divan.

Adieu, mon cher ami, je te dis des niaiseries, à quatre ou cinq cents lieues de distance, comme si nous causions à souper. Amuse-toi, porte-toi bien ; nous t’aimons tous.

Ton frère et ami.
Alf. M.