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XXVIII

À SON FRÈRE.


Mon cher ami,

En voilà une tuile désagréable ! J’étais averti que l’Académie me donnait un prix, mais je ne savais pas en quels termes. On vient de me les dire et je les trouve blessants. Il y a vingt ans que j’écris ; j’en ai tout à l’heure trente-huit, et on m’apprend que je suis un jeune homme qui mérite d’être encouragé à poursuivre sa carrière. Quand la critique me fait de ces compliments-là, je les méprise ; mais de la part de l’Académie c’est plus grave. Il m’en coûterait de paraître orgueilleux ou susceptible, et cependant puis-je à mon âge me laisser traiter d’écolier ? Que faire ? j’ai besoin d’avoir ton avis là-dessus. Attends-moi ce soir, avant de te coucher, ou laisse la clef à ta porte. Il faut que nous causions ensemble.

À toi.
Alf. M.
Jeudi soir (17 août 1848).

L’Académie française, dans sa séance du 17 août 1848, venait d’accorder à Alfred de Musset le prix fondé par M. de Maillé