Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/83

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SONNET


À MADAME ***


Jeune ange aux doux regards, à la douce parole,
Un instant près de vous je suis venu m’asseoir,
Et, — l’orage apaisé, — comme l’oiseau s’envole,
Mon bonheur s’en alla, n’ayant duré qu’un soir.

Et puis, que voulez-vous après qui me console ?
L’éclair laisse, en fuyant, l’horizon triste et noir.
Ne jugez pas ma vie insouciante et folle ;
Car, si j’étais joyeux, qui ne l’est à vous voir ?

Hélas ! je n’oserais vous aimer, même en rêve !
C’est de si bas vers vous que mon regard se lève !
C’est de si haut sur moi que s’inclinent vos yeux !