Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/151

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Claudio.

Regarde, Tibia, tu en conviens toi-même ; il n’en faut plus douter, et mon déshonneur est public.

Tibia.

Pourquoi public ?

Claudio.

Je te dis qu’il est public.

Tibia.

Mais, monsieur, votre femme passe pour un dragon de vertu dans toute la ville ; elle ne voit personne ; elle ne sort de chez elle que pour aller à la messe.

Claudio.

Laisse-moi faire. — Je ne me sens pas de colère, après tous les cadeaux qu’elle a reçus de moi. — Oui, Tibia, je machine en ce moment une épouvantable trame, et me sens prêt à mourir de douleur.

Tibia.

Oh ! que non.

Claudio.

Quand je te dis quelque chose, tu me ferais plaisir de le croire.

Ils sortent.
Cœlio, rentrant.

Malheur à celui qui, au milieu de la jeunesse, s’abandonne à un amour sans espoir ! Malheur à celui qui se livre à une douce rêverie, avant de savoir où sa chimère le mène, et s’il peut être payé de retour ! Mollement couché dans une barque, il s’éloigne peu à peu de