Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/227

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Fantasio.

Donnez-moi un verre de ça.

Il boit.
Hartman.

Tu as le mois de mai sur les joues.

Fantasio.

C’est vrai ; et le mois de janvier dans le cœur. Ma tête est comme une vieille cheminée sans feu : il n’y a que du vent et des cendres. Ouf !

Il s’assoit.

Que cela m’ennuie que tout le monde s’amuse ! Je voudrais que ce grand ciel si lourd fût un immense bonnet de coton, pour envelopper jusqu’aux oreilles cette sotte ville et ses sots habitants. Allons, voyons ! dites-moi, de grâce, un calembour usé, quelque chose de bien rebattu.

Hartman.

Pourquoi !

Fantasio.

Pour que je rie. Je ne ris plus de ce qu’on invente ; peut-être que je rirai de ce que je connais.

Hartman.

Tu me parais un tant soit peu misanthrope et enclin à la mélancolie.

Fantasio.

Du tout ; c’est que je viens de chez ma maîtresse.

Facio.

Oui ou non, es-tu des nôtres ?