Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/244

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Le Prince.

Tu as raison ; si je me déguise, il faut que quelqu’un prenne ma place. Cela est impossible, Marinoni ; je n’avais pas pensé à cela.

Marinoni.

Pourquoi impossible, altesse ?

Le Prince.

Je puis bien abaisser la dignité princière jusqu’au grade de colonel ; mais comment peux-tu croire que je consentirais à élever jusqu’à mon rang un homme quelconque ? Penses-tu d’ailleurs que mon futur beau-père me le pardonnerait ?

Marinoni.

Le roi passe pour un homme de beaucoup de sens et d’esprit, avec une humeur agréable.

Le Prince.

Ah ! ce n’est pas sans peine que je renonce à mon projet. Pénétrer dans cette cour nouvelle sans faste et sans bruit, observer tout, approcher de la princesse sous un faux nom, et peut-être m’en faire aimer ! — Oh ! je m’égare ; cela est impossible. Marinoni, mon ami, essaye mon habit de cérémonie ; je ne saurais y résister.

Marinoni, s’inclinant.

Altesse !

Le Prince.

Penses-tu que les siècles futurs oublieront une pareille circonstance ?