Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/282

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Fantasio.

J’aime ce métier plus que tout autre ; mais je ne puis faire aucun métier. Si vous trouvez que cela vaille vingt mille écus de vous avoir débarrassée du prince de Mantoue, donnez-les-moi, et ne payez pas mes dettes. Un gentilhomme sans dettes ne saurait où se présenter. Il ne m’est jamais venu à l’esprit de me trouver sans dettes.

Elsbeth.

Eh bien ! je te les donne ; mais prends la clef de mon jardin : le jour où tu t’ennuieras d’être poursuivi par tes créanciers, viens te cacher dans les bleuets où je t’ai trouvé ce matin ; aie soin de reprendre ta perruque et ton habit bariolé ; ne parais jamais devant moi sans cette taille contrefaite et ces grelots d’argent, car c’est ainsi que tu m’as plu : tu redeviendras mon bouffon pour le temps qu’il te plaira de l’être, et puis tu iras à tes affaires. Maintenant tu peux t’en aller, la porte est ouverte.

La Gouvernante.

Est-il possible que le prince de Mantoue soit parti sans que je l’aie vu.

FIN DE FANTASIO.


L’année 1832 avait été attristée par deux fléaux, la guerre civile et le choléra. Pendant l’hiver suivant, la jeunesse parisienne se jeta dans les plaisirs avec une ardeur extraordinaire, comme