Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/289

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soin, du moment qu’il arrive, de nous en dire si long. Puissions-nous retrouver l’enfant dans le cœur de l’homme !

Maître Blazius.

Ma foi, l’écuelle est vide ; je ne croyais pas avoir tout bu. Adieu ; j’ai préparé, en trottant sur la route, deux ou trois phrases sans prétention qui plairont à monseigneur [; je vais tirer la cloche].

Il sort.
Le Chœur.

Durement cahotée sur son âne essoufflé, dame Pluche gravit la colline ; son écuyer transi gourdine à tour de bras le pauvre animal, qui hoche la tête, un chardon entre les dents. Ses longues jambes maigres trépignent de colère, tandis que de ses mains osseuses elle égratigne son chapelet. Bonjour donc, dame Pluche ; vous arrivez comme la fièvre, avec le vent qui fait jaunir les bois.

Dame Pluche.

Un verre d’eau, canaille que vous êtes ! un verre d’eau et un peu de vinaigre !

Le Chœur.

D’où venez-vous, Pluche, ma mie ? Vos faux cheveux sont couverts de poussière ; voilà un toupet de gâté, et votre chaste robe est retroussée jusqu’à vos vénérables jarretières.

Dame Pluche.

Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de