Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/294

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de l’homme d’État ! et quel plaisir ne trouverai-je pas à tempérer, par la présence de mes deux enfants réunis, la sombre tristesse à laquelle je dois nécessairement être en proie depuis que le roi m’a nommé receveur !4

Maître Bridaine.

Ce mariage se fera-t-il ici ou à Paris ?

Le Baron.

Voilà où je vous attendais, Bridaine ; j’étais sûr de cette question. Eh bien ! mon ami, que diriez-vous si ces mains que voilà, oui, Bridaine, vos propres mains, ne les regardez pas d’une manière aussi piteuse, étaient destinées à bénir solennellement l’heureuse confirmation de mes rêves les plus chers ? Hé ?5

Maître Bridaine.

Je me tais ; la reconnaissance me ferme la bouche.

Le Baron.

Regardez par cette fenêtre ; ne voyez-vous pas que mes gens se portent en foule à la grille ? Mes deux enfants arrivent en même temps ; voilà la combinaison la plus heureuse. J’ai disposé les choses de manière à tout prévoir. Ma nièce sera introduite par cette porte à gauche, et mon fils par cette porte à droite. Qu’en dites-vous ? Je me fais une fête de voir comment ils s’aborderont, ce qu’ils se diront ; six mille écus ne sont pas une bagatelle, il ne faut pas s’y tromper. Ces enfants s’aimaient d’ailleurs fort tendrement dès le berceau. — Bridaine, il me vient une idée.