Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/360

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Perdican.

Je n’entends rien à tout cela, et je ne mens jamais. Je t’aime Camille, voilà tout ce que je sais.

Camille.

Vous dites que vous m’aimez, et vous ne mentez jamais ?

Perdican.

Jamais.

Camille.

En voilà une qui dit pourtant que cela vous arrive quelquefois.17

[Elle lève la tapisserie ; Rosette paraît dans le fond, évanouie sur une chaise.]

Que répondrez-vous à cette enfant, Perdican, lorsqu’elle vous demandera compte de vos paroles ? Si vous ne mentez jamais, d’où vient donc qu’elle s’est évanouie en vous entendant me dire que vous m’aimez ? [Je vous laisse avec elle ; tâchez de la faire revenir.]

Elle veut sortir.
Perdican.

Un instant, Camille, écoutez-moi.

Camille.

Que voulez-vous me dire ? c’est à Rosette qu’il faut parler. Je ne vous aime pas, moi ; je n’ai pas été chercher par dépit cette malheureuse enfant au fond de sa chaumière, pour en faire un appât, un jouet ; je n’ai pas répété imprudemment devant elle des paroles brûlantes adressées à une autre ; je n’ai pas feint de jeter au vent pour elle le souvenir d’une amitié chérie ; je ne lui