Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/367

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Rosette, se mettant à genoux.

Monseigneur, je viens vous demander une grâce. Tous les gens du village à qui j’ai parlé ce matin m’ont dit que vous aimiez votre cousine, et que vous ne m’avez fait la cour que pour vous divertir tous deux ; on se moque de moi quand je passe, et je ne pourrai plus trouver de mari dans le pays, après avoir servi de risée à tout le monde. Permettez-moi de vous rendre le collier que vous m’avez donné, et de vivre en paix chez ma mère.

Camille.

Tu es une bonne fille, Rosette ; garde ce collier ; c’est moi qui te le donne, et mon cousin prendra le mien à la place. Quant à un mari, n’en sois pas embarrassée, je me charge de t’en trouver un.

Perdican.

Cela n’est pas difficile, en effet. Allons, Rosette, viens que je te mène à mon père.

Camille.

Pourquoi ? Cela est inutile.

Perdican.

Oui, vous avez raison, mon père nous recevrait mal : il faut laisser passer le premier moment de surprise qu’il a éprouvée. Viens avec moi, nous retournerons sur la place. Je trouve plaisant qu’on dise que je ne t’aime pas quand je t’épouse. Pardieu ! nous les ferons bien taire.

Il sort avec Rosette.