Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/410

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N’étais-je pas bien dans ce vieux château ? pauvre, sans doute, mais quoi ? Ô folie ! ô rêveurs que nous sommes !

Rosemberg, à part.

C’est surtout ce livre que j’ai acheté qui me bouleverse la cervelle ; si je l’ouvre le soir en me couchant, je ne saurais dormir de toute la nuit. Que de récits étonnants, que de choses admirables ! L’un taille en pièces une armée entière ; l’autre saute, sans se blesser, du haut d’un clocher dans la mer Caspienne, et dire que tout cela est vrai, que tout cela est arrivé ! Il y en a une surtout qui m’éblouit :

Il se lève et lit tout haut.

« Lorsque le sultan Boabdil… » Ah ! voilà quelqu’un qui m’écoute ; c’est ce gentilhomme bohémien. Il faut que je fasse ma paix avec lui. Lorsque je lui ai cherché querelle, je ne pensais plus qu’il a une jolie femme.

À Ulric.

Vous venez de Bohême, seigneur ? Vous devez connaître mon oncle, le baron d’Engelbreckt ?

Ulric

Beaucoup, c’est un de mes voisins ; nous allions ensemble à la chasse l’hiver passé. Il est allié, de loin, il est vrai, à la famille de ma femme.

Rosemberg

Vous êtes parent de mon oncle Engelbreckt ? Permettez que nous fassions connaissance. Y a-t-il longtemps que vous êtes parti ?