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c’est qu’elles sont charmantes à écouter, et qu’on ne sait comment les mettre en pratique. Je lisais, hier, par exemple, l’histoire d’un héros de roman qui, dans ma position, s’est caché pendant toute une journée pour pénétrer chez sa maîtresse. Est-ce que je peux me cacher dans un coffre ? Je sortirais de là couvert de poussière, et mes habits seraient gâtés. Bah ! je crois que j’ai pris le bon parti. Oui, le meilleur de tous les stratagèmes, c’est de donner de l’argent à la servante ; je veux éblouir de même les autres domestiques… Ah ! voici venir Barberine. Eh bien donc ! tout est décidé ; j’emploierai à la fois la ruse et l’amour.



Scène III

ROSEMBERG, BARBERINE, KALÉKAIRI.
Kalékairi. Elle reste au fond du théâtre.

Voici la maîtresse.

Barberine

Seigneur, vous êtes le bienvenu. Vous arrivez, m’a-t-on dit, de la cour. Comment se porte mon mari ? Que fait-il ? Où est-il ? À la guerre ?… Hélas ! répondez.

Rosemberg

Il est à la guerre, madame ; je le crois, du moins. Pour ce qu’il fait, cela semble facile à dire ; il suffit de vous regarder pour le supposer. Qui peut vous avoir vue et vous oublier ? Il pense à vous sans doute, comtesse, et