Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/449

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un prétexte pour approcher de vous, ne fût-ce qu’un instant. Je vous aime, je vous adore ! voilà mon secret, madame ; avais-je tort de vous supplier de ne pas m’en punir ?

Il met un genou en terre.
Barberine, à part.

Il ne ment pas mal pour son âge.

Haut.

Vous aviez, dites-vous, la crainte d’être puni ; — n’aviez-vous pas celle de m’offenser ?

Rosemberg, se levant.

En quoi l’amour peut-il être une offense ? Qui est-ce offenser que d’aimer ?

Barberine

Dieu, qui le défend !

Rosemberg

Non, Barberine ! Puisque Dieu a fait la beauté, comment peut-il défendre qu’on l’aime ? C’est son image la plus parfaite.

Barberine

Mais si la beauté est l’image de Dieu, la sainte foi jurée à ses autels n’est-elle pas un bien plus précieux ? S’est-il contenté de créer, et n’a-t-il pas, sur son œuvre céleste, étendu la main comme un père, pour défendre et pour protéger ?

Rosemberg

Non, quand je suis ainsi près de vous, quand ma main tremble en touchant la vôtre, quand vos yeux