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Scène III

La même décoration qu’à la première scène. On entend l’heure sonner dans l’éloignement.
Razetta.

Je ne puis me détendre d’une certaine crainte. Serait-il possible que Laurette n’eût manqué de parole ! Malheur à elle, s’il était vrai ! Non pas que je doive porter la main sur elle,… mais mon rival !… Il me semble que deux horloges ont déjà sonné onze heures… Est-ce le temps d’agir ? Il faut que j’entre dans ces jardins. — J’aperçois une grille fermée. — Ô rage ! me serait-il impossible de pénétrer ? Au risque de ma vie, je suis déterminé de ne pas abandonner mon dessein.

L’heure est passée… Rien ne doit me retenir… Mais par où entrer ? — Appellerai-je ? Tenterai-je de gravir cette muraille élevée ? — Suis-je trahi ? réellement trahi ? Laurette… Si j’apercevais un valet, peut-être avec de l’or… — Je ne vois aucune lumière… Le repos semble régner dans cette maison. — Désespoir ! Ne pourrai-je même jouer ma vie ? ne pourrai-je tenter même le plus désespéré de tous les partis ?

On entend une symphonie ; une gondole chargée de musiciens passe.
Une voix de femme.

Voilà encore Razetta.

Une autre.

Je l’avais parié !