Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/72

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Grémio.

Ah ! voilà le difficile. Qui ? personne ; et cependant je suis blessé. Oh ! ce n’est pas à dire qu’on puisse se plaindre, en conscience…

André.

Personne ? toi-même, apparemment !

Grémio.

Non pas, non pas ; où serait le fin sans cela ? Personne, et moi moins que tout autre.

André.

Si tu veux rire, tu prends mal ton temps. Remontons à cheval, et partons.

Grémio.

Ainsi soit-il. Ce que j’en disais n’était point pour vous fâcher, encore moins pour rire. Aussi bien riait-il fort peu ce matin, quand il me l’a donné en courant.

André.

Qui ? que veut dire cela ? qui te l’a donné ? Tu as un air de mystère singulier, Grémio.

Grémio.

Ma foi, au fait, écoutez. Vous êtes mon maître ; on aura beau dire, cela doit se savoir ; et qui le saurait, si ce n’est vous ? Voilà l’histoire : j’avais entendu marcher ce matin dans la cour vers quatre heures ; je me suis levé ; et j’ai vu descendre tout doucement de la fenêtre un homme en manteau.

André.

De quelle fenêtre ?