Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/238

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fait de me répondre ? Crois-tu que je puisse penser que tu me trompes réellement ? Hélas ! mon Dieu ! un mot te suffit. Pourquoi ne veux-tu pas le dire ? C’était peut-être quelque voleur qui se glissait par notre fenêtre ; ce quartier-ci n’est pas des plus sûrs, et nous ferions bien d’en changer. Tous ces soldats me déplaisent fort, ma toute belle, mon bijou chéri. Quand nous allons à la promenade, au spectacle, au bal, et jusque chez nous, ces gens-là ne nous quittent pas ; je ne saurais te dire un mot de près sans me heurter à leurs épaulettes, et sans qu’un grand sabre crochu ne s’embarrasse dans mes jambes. Qui sait si leur impertinence ne pourrait aller jusqu’à escalader nos fenêtres ? Tu n’en sais rien, je le vois bien ; ce n’est pas toi qui les encourages ; ces vilaines gens sont capables de tout. Allons, voyons ! donne la main ; est-ce que tu m’en veux, Jacqueline ?

Jacqueline.

Assurément, je vous en veux. Me menacer d’aller en justice ! Lorsque ma mère le saura, elle vous fera bon visage !

Maître André.

Eh ! mon enfant, ne le lui dis pas. À quoi bon faire part aux autres de nos petites brouilleries ? Ce sont quelques légers nuages qui passent un instant dans le ciel, pour le laisser plus tranquille et plus pur.

Jacqueline.

À la bonne heure ! touchez là.