Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/242

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prendre, d’assez douce composition. Est-ce que c’est une habitude que ces apparitions nocturnes ?

Jacqueline.

Non, Dieu merci ! J’en suis encore tremblante. Mais songez donc qu’avec les idées qu’il a maintenant dans la tête, tous les soupçons vont tomber sur vous.

Clavaroche.

Pourquoi sur moi ?

Jacqueline.

Pourquoi ? Mais,… je ne sais ;… il me semble que cela doit être. Tenez ! Clavaroche, la vérité est une chose étrange, elle a quelque chose des spectres : on la pressent sans la toucher.

Clavaroche, ajustant son uniforme.

Bah ! ce sont les grands parents et les juges de paix2 qui disent que tout se sait. Ils ont pour cela une bonne raison, c’est que tout ce qui ne se sait pas s’ignore, et par conséquent n’existe pas. J’ai l’air de dire une bêtise ; réfléchissez, vous verrez que c’est vrai.

Jacqueline.

Tout ce que vous voudrez. Les mains me tremblent, et j’ai une peur qui est pire que le mal.

Clavaroche.

Patience, nous arrangerons cela.

Jacqueline.

Comment ? Partez, voilà le jour.

Clavaroche.

Eh ! bon Dieu ! quelle tête folle ! Vous êtes jolie