Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/265

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titude, le danger, cela est fait pour rendre gaillard. La difficulté est en possession, depuis qu’il y a des proverbes, du privilège d’augmenter le plaisir, et le vent de bise se fâcherait si, en vous coupant le visage, il ne croyait vous donner du cœur. En vérité, on représente l’amour avec des ailes et un carquois ; on ferait mieux de nous le peindre comme un chasseur de canards sauvages, avec une veste imperméable et une perruque de laine frisée pour lui garantir l’occiput. Quelles sottes bêtes que les hommes, de se refuser leurs franches lippées pour courir après quoi, de grâce ? après l’ombre de leur orgueil ! Mais la garnison dure six mois ; on ne peut pas toujours aller au café ; les comédiens de province ennuient, on se regarde dans un miroir, et on ne veut pas être beau pour rien. Jacqueline a la taille fine ; c’est ainsi qu’on prend patience, et qu’on s’accommode de tout sans trop faire le difficile.

Entre Jacqueline.

Eh bien ! ma chère, qu’avez-vous fait ? Avez-vous suivi mes conseils, et sommes-nous hors de danger ?

Jacqueline.

Oui.

Clavaroche.

Comment vous y êtes-vous prise ? vous allez me conter cela. Est-ce un des clercs de maître André qui s’est chargé de notre salut ?

Jacqueline.

Oui.