Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/284

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Jacqueline.

Vous faites la cour aux grisettes, je le sais comme si je l’avais vu.

Fortunio.

Vous vous moquez. Qui a pu vous le dire ?

Jacqueline.

Oui, oui, vous allez à la danse et aux dîners sur le gazon.

Fortunio.

Avec mes amis, le dimanche. Quel mal y a-t-il à cela ?

Jacqueline.

Je vous l’ai déjà dit hier, cela se conçoit : vous êtes jeune, et à l’âge où le cœur est riche, on n’a pas les lèvres avares.

Fortunio.

Que faut-il faire pour vous convaincre ? Je vous en prie, dites-le-moi.

Jacqueline.

Vous demandez un joli conseil. Eh bien ! il faudrait le prouver.

Fortunio.

Seigneur mon Dieu, je n’ai que des larmes. Les larmes prouvent-elles qu’on aime ? Quoi ! me voilà à genoux devant vous ; mon cœur à chaque battement voudrait s’élancer sur vos lèvres ; ce qui m’a jeté à vos pieds, c’est une douleur qui m’écrase, que je combats depuis deux ans, que je ne peux plus contenir, et vous