Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/295

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Maître André en fureur vous demande à son tour pourquoi son jeune clerc se glisse dans son jardin. Vous rougissez d’abord quelque peu, puis vous avouez sincèrement tout ce qu’il vous plaira d’avouer : que ce garçon visite vos marchands, qu’il vous apporte en secret des bijoux, en un mot la vérité pure. Qu’y a-t-il là de si effrayant ?

Jacqueline.

On ne me croira pas. La belle apparence que je donne des rendez-vous pour payer des mémoires !

Clavaroche.

On croit toujours ce qui est vrai. La vérité a un accent impossible à méconnaître, et les cœurs bien nés ne s’y trompent jamais. N’est-ce donc pas, en effet, à vos commissions que vous employez ce jeune homme ?

Jacqueline.

Oui.

Clavaroche.

Eh bien donc ! puisque vous le faites, vous le direz, et on le verra bien. Qu’il ait les preuves dans sa poche, un écrin, comme hier, la première chose venue, cela suffira. [Songez donc que, si nous n’employons ce moyen, nous en avons pour une année entière. Maître André s’embusque aujourd’hui, il se rembusquera demain, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il nous surprenne. Moins il trouvera, plus il cherchera ; mais qu’il trouve une fois pour toutes, et nous en voilà délivrés.