Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/316

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Jacqueline.

Vous le saviez et vous veniez ! Songez-vous à ce que vous dites ? Il s’agissait d’un guet-apens.

Fortunio.

Je savais tout.

Jacqueline.

Il s’agissait d’être surpris, d’être tué peut-être, traîné en prison ; que sais-je ? c’est horrible à dire.

Fortunio.

Je savais tout.

Jacqueline.

Vous saviez tout ? vous saviez tout ? [Vous étiez caché là, hier, dans cette alcôve, derrière ce rideau.] Vous écoutiez, n’est-il pas vrai ? vous saviez encore tout, n’est-ce pas ?

Fortunio.

Oui.

Jacqueline.

Vous saviez que je mens, que je trompe, que je vous raille, et que je vous tue ? vous saviez que j’aime Clavaroche et qu’il me fait faire tout ce qu’il veut ? que je joue une comédie ? que là, hier, je vous ai pris pour dupe ? que je suis lâche et méprisable ? que je vous expose à la mort par plaisir ? Vous saviez tout, vous en étiez sûr ? Eh bien ! eh bien !… qu’est-ce que vous savez maintenant ?

Fortunio.

Mais, Jacqueline, je crois… je sais…