Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/34

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rice. Il est malsain de vivre sans femme, pour un homme qui a, comme lui, le cou court et les mains velues.

Sire Maurice.

Celui qui se croit le droit de plaisanter doit savoir se défendre. À votre place, je prendrais une épée.

Lorenzo.

Si l’on vous a dit que j’étais un soldat, c’est une erreur, je suis un pauvre amant de la science.

Sire Maurice.

Votre esprit est une épée acérée, mais flexible. C’est une arme trop vile ; chacun fait usage des siennes.

Il tire son épée.
Valori.

Devant le duc, l’épée nue !

Le Duc, riant.

Laissez faire, laissez faire. Allons, Renzo, je veux te servir de témoin ; qu’on lui donne une épée !

Lorenzo.

Monseigneur, que dites-vous là ?

Le Duc.

Eh bien ! ta gaieté s’évanouit si vite ? Tu trembles, cousin ? Fi donc ! tu fais honte au nom des Médicis. Je ne suis qu’un bâtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime ! Une épée, une épée ! un Médicis ne se laisse point provoquer ainsi. Pages, montez ici ; toute la cour le verra, et je voudrais que Florence entière y fût.