Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nomme Clarisse Harlowe ; je te le donnerai à lire quand tu seras ma femme. Le héros aime une belle fille comme toi, ma chère, et il veut l’épouser ; mais auparavant il veut l’éprouver. Il l’enlève et l’emmène à Londres ; après quoi, comme elle résiste, Bedfort arrive,… c’est-à-dire Tomlinson, un capitaine,… je veux dire Morden,… non, je me trompe… Enfin, pour abréger,… Lovelace est un sot, et moi aussi, d’avoir voulu suivre son exemple… Dieu soit loué ! tu ne m’as pas compris ;… je t’aime, je t’épouse : il n’y a de vrai au monde que de déraisonner d’amour.

Entrent Van Buck, la baronne, l’abbé et plusieurs domestiques qui les éclairent.
La Baronne.

Je ne crois pas un mot de ce que vous dites. Il est trop jeune pour une noirceur pareille.

Van Buck.

Hélas ! madame, c’est la vérité.

La Baronne.

Séduire ma fille ! tromper un enfant ! déshonorer une famille entière ! Chanson ! Je vous dis que c’est une sornette ; on ne fait plus de ces choses-là. Tenez ! les voilà qui s’embrassent. Bonsoir, mon gendre ; où diable vous fourrez-vous ?

L’Abbé.

Il est fâcheux que nos recherches soient couronnées d’un si tardif succès ; toute la compagnie va être partie.