Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/420

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Valentin.

Écoutez-moi : voici le traité de paix que je vous propose. Permettez-moi d’abord mon rendez-vous.

Van Buck.

Mais, mon ami, j’espère bien…

Valentin.

Je vous jure de n’entreprendre rien que vous ne fissiez à ma place. N’est-ce pas tout vous dire ? Voyez, mon oncle, comme je vous cède, et comme, en tout, je fais vos volontés. En somme, le verre porte conseil, et je sens bien que la colère est quelquefois mauvaise amie, etc.

(Suit le couplet de Valentin finissant par : « Je lui pardonne en l’oubliant. » )

Van Buck.

Par Dieu ! garçon, je le veux bien. Au fait, épouse-t-on des petites filles qui vous envoient des « oui » comme celui-là ? Et puisque tu me promets de te conduire en galant homme, va ton train, et vogue la galère ! et n’aie pas de crainte que tu manques de femme pour ce sot mariage avorté. Je m’en charge, moi, j’en fais mon affaire. Il ne sera pas dit qu’une vieille folle fasse tort à d’honnêtes gens, qui ont amassé un bien considérable, et qui ne sont pas mal tournés. Avec soixante bonnes mille livres de rente…

Valentin.

Cinquante, mon oncle.

Van Buck.

Soixante, morbleu ! avec cela, on n’a jamais manqué ni de femmes, ni de vin[1]. Il fait beau clair de lune, ce soir ; cela me rappelle mon jeune temps.

  1. On se souvient que dans la scène i de l’acte I, Van Buck, alors à jeun, s’est défendu d’avoir plus de cinquante milles livres de rente. À