Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/69

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La Marquise.

Mon cœur n’en sait rien, j’espère.

Le Cardinal.

Avez-vous averti votre mari ?

La Marquise.

Non, mon père. Une honnête femme ne doit point troubler son ménage par des récits de cette sorte.

Le Cardinal.

Ne me cachez-vous rien ? Ne s’est-il rien passé entre vous et la personne dont il s’agit, que vous hésitiez à me confier ?

La Marquise.

Rien, mon père

Le Cardinal.

Pas un regard tendre ? pas un baiser pris à la dérobée ?

La Marquise.

Non, mon père.

Le Cardinal.

Cela est-il sûr, ma fille ?

La Marquise.

Mon beau-frère, il me semble que je n’ai pas l’habitude de mentir devant Dieu.

Le Cardinal.

Vous avez refusé de me dire le nom que je vous ai demandé tout à l’heure ; je ne puis cependant vous donner l’absolution sans le savoir.

La Marquise.

Pourquoi cela ? Lire une lettre peut être un péché,