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Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/137

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Scène V


BERTHAUD, seul.

On t’appelle. — Au revoir.Quelle horreur ! J’ai tout vu.
C’est dit, je suis berné, — je suis presque… Ô vertu !
Aurait-on supposé tant de scélératesse ?
Le duc parle assez clair, — Louison est sa maîtresse.
Je ne l’ai pas rêvé ; — j’en suis sûr, — j’étais là ;
Traîtresse ! Épousez donc des tendrons comme ça !
Cassez-vous donc la tête à chercher, pour lui plaire,
Des mots mieux compilés que dans une grammaire,
Pour trouver que l’objet de tous vos sentiments,
Même avant qu’on l’épouse, a déjà des amants !
Et tu crois que je vais, comme un mari crédule,
Avaler bonnement ta malsaine pilule ?
Nenni, ma belle enfant, tu ne m’y prendras pas.
Je verrai la duchesse, et j’y vais de ce pas.
J’irai, je lui dirai… — Voyons, que lui dirai-je ?
Madame, si jamais… — Non, il faut que j’abrège.
Madame… — Ô ciel ! je sens mon sang-froid s’altérer.
En l’état où je suis, je crains de m’égarer ;
Je vais aller plutôt trouver la maréchale.
La voici justement qui traverse la salle ;
Je vais tout dévoiler. — Allons ! ferme ! du cœur !