Si je voulais pourtant, quoi qu’ils en puissent dire,
En leur montrant ce cœur, les défier d’en rire ?
Oui, l’on peut, quand on hait, cacher la vérité ;
Renier ce qu’on aime est une lâcheté.
Si j’osais les braver et m’en passer l’envie ?
Leur dire : Je suis las de votre sotte vie ;
J’ai, dans votre cohue, erré jusqu’à ce jour,
Mais la honte m’en chasse et me rend à l’amour !
Que me répondraient-ils, ces roués en peinture,
S’ils voyaient cette belle et noble créature
M’accompagner, et moi la couvrant en chemin
De mon manteau d’hermine, une épée à la main ?
Et si je leur disais : Cette fière duchesse,
C’est ma sœur, mon enfant, ma femme et ma maîtresse ;
Ma vie est dans son cœur, ma place est à ses pieds !
Il se met à genoux ; la maréchale paraît dans le fond de la scène.
Dans mes bras, mon ami.
Comment ! vous m’écoutiez ?
Valait-il mieux dormir ?
J’ai donc parlé bien haut ?
Valait-il mieux vous taire ?