Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/162

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Si je voulais pourtant, quoi qu’ils en puissent dire,
En leur montrant ce cœur, les défier d’en rire ?
Oui, l’on peut, quand on hait, cacher la vérité ;
Renier ce qu’on aime est une lâcheté.
Si j’osais les braver et m’en passer l’envie ?
Leur dire : Je suis las de votre sotte vie ;
J’ai, dans votre cohue, erré jusqu’à ce jour,
Mais la honte m’en chasse et me rend à l’amour !
Que me répondraient-ils, ces roués en peinture,
S’ils voyaient cette belle et noble créature
M’accompagner, et moi la couvrant en chemin
De mon manteau d’hermine, une épée à la main ?
Et si je leur disais : Cette fière duchesse,
C’est ma sœur, mon enfant, ma femme et ma maîtresse ;
Ma vie est dans son cœur, ma place est à ses pieds !
Il se met à genoux ; la maréchale paraît dans le fond de la scène.

La duchesse.

Dans mes bras, mon ami.

Le duc.

Dans mes bras, mon ami.Comment ! vous m’écoutiez ?

La duchesse.

Valait-il mieux dormir ?

Le duc, à la maréchale.

Valait-il mieux dormir ? Et vous aussi, ma mère ?
J’ai donc parlé bien haut ?

La maréchale.

J’ai donc parlé bien haut ? Valait-il mieux vous taire ?