Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/19

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Mathilde.

Pas pour ce soir ; je reste décidément.

Madame de Léry.

Décidément ! est-ce un parti pris ? Monsieur de Chavigny, emmenez donc Mathilde.

Chavigny, sèchement.

Je ne me mêle des affaires de personne.

Madame de Léry.

Oh ! oh ! vous aimez le bleu, à ce qu’il paraît. Eh bien ! écoutez, savez-vous ce que je vais faire ? Donnez-moi du thé, je vais rester ici.

Mathilde.

Que vous êtes gentille, chère Ernestine ! Non, je ne veux pas priver ce bal de sa reine. Allez me faire un tour de valse, et revenez à onze heures, si vous y pensez ; nous causerons seules au coin du feu, puisque M. de Chavigny nous abandonne.

Chavigny.

Moi ? pas du tout : je ne sais si je sortirai.

Madame de Léry.

Eh bien ! c’est convenu, je vous quitte. À propos, vous savez mes malheurs ; j’ai été volée comme dans un bois.

Mathilde.

Volée ! qu’est-ce que vous voulez dire ?

Madame de Léry.

Quatre robes, ma chère, quatre amours de robes qui me venaient de Londres, perdues à la douane. Si vous