Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/275

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Steinberg.

Mon amie, écoutez-moi. Cette chanson, ces paroles du cœur, ces souvenirs me pénètrent l’âme, me rendent à moi-même… Non, tant d’amour ne sera point un rêve ! tant d’espoir de bonheur ne sera point un mensonge ! j’en fais le serment à vos pieds.

Il se met à genoux.

Je viens de me montrer jaloux sans motif, mais je vous ai donné souvent trop de raison de l’être.

Bettine.

Ne parlons pas de cela, Steinberg.

Steinberg, se levant.

J’en veux parler, je suis las de feindre, de me contraindre, de me sentir indigne de vous. Mes visites chez la princesse vous ont coûté des larmes, je le sais…

Bettine.

Charles !

Steinberg.

Je ne veux plus la voir, je ne veux plus entendre parler d’elle. Vivons chez nous, en nous, pour nous, et que l’univers nous oublie à son tour ! Le notaire est là, n’est-ce pas ? Eh bien ! Bettine, signons à l’instant même. Les témoins ne sont pas arrivés ? Je sais bien pourquoi, et je vous le dirai. Prenez la première voisine venue, et moi, morbleu ! je prendrai Calabre. Que je sois votre mari, et advienne que pourra ! Je répète, avec le vieux proverbe : Celui qui aime et qui est aimé est à l’abri des coups du sort !