Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/283

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Steinberg.

Il faut que j’aille à la ville. Hâtez-vous, Calabre.

Bettine.

Un instant encore ! Ne se pourrait-il ?…

Steinberg.

À qui obéit-on ici ?

Calabre s’incline et va pour sortir.
Calabre.

Charles, je sais votre secret ! Je ne voulais vous en rien dire. J’aurais attendu, j’aurais désiré que la confidence m’en vînt de votre part ; mais vous voulez partir… Pourquoi ?

Steinberg.

Vous savez tout, dites-vous, et vous le demandez ! Il paraît qu’il y a ici une inquisition dans les règles, et qu’on s’inquiète fort de mes intérêts ; mais il semble aussi que M. Calabre conserve plus discrètement ce que vous lui confiez qu’il ne sait respecter mes ordres.

Calabre.

Monsieur, je vous jure sur mon âme…

Steinberg.

Je ne vous interroge pas. — Et moi aussi je voulais garder le silence ; mais puisque vous avez voulu tout savoir, eh bien ! madame, soyez satisfaite ! Oui, j’ai agi imprudemment ; oui, ma parole est engagée ; ma fortune, déjà compromise, est aujourd’hui à peu près perdue. Cette lettre vient d’un créancier qui m’annonce tout d’un coup un voyage, qui prétexte un départ subit