Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/287

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respect pour lui-même, dès l’instant qu’on en est, tant que vous vous conformez à ses lois, les plus douces, les plus praticables et les plus indulgentes qu’on puisse imaginer ; mais malheur à qui les transgresse ! Malheur à qui brave cette impunité, à qui abuse de cette indulgence ! Il est perdu, il n’a rien à dire, et cette affable cruauté, cette sévère patience, qui ne frappe que lorsqu’on l’y force, n’est que justice.

Bettine.

Ainsi vous partez ?

Steinberg.

Et que voulez-vous donc ? De quel front, avec quel visage irais-je subir ce rôle d’un mari qui vit d’une fortune qui n’est pas la sienne, et promener par toute l’Italie une femme que je ne ferais que suivre, avec mon nom sur son passe-port et mes armes sur sa voiture ? Encore faudrait-il, si, par impossible, on consentait à pareille chose, encore faudrait-il que cette femme fût digne d’un tel sacrifice !

Bettine.

Est-ce bien là le motif, Steinberg ?

Steinberg.

Je sais donc bien mal me faire comprendre ?

Montrant l’écrin.

Eh bien ! le motif, le voilà.

Il sort.