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Scène VIII


Les Précédents, MINUCCIO.
Carmosine.

Bonsoir, Minuccio. Puisque tu chantes pour le vent qui passe, ne veux-tu pas chanter pour nous ?

Minuccio.

Belle Carmosine, je chantais tout à l’heure, mais maintenant j’ai envie de pleurer.

Carmosine.

D’où te vient cette tristesse ?

Minuccio.

De vos yeux aux miens. Comment la gaieté oserait-elle rester sur mon pauvre visage, lorsqu’on la voit s’éteindre et mourir dans le sein même de la fleur où l’on devrait la respirer ?

Carmosine.

Quelle est cette fleur merveilleuse ?

Minuccio.

La beauté. Dieu l’a mise au monde dans trois excellentes intentions : premièrement, pour nous réjouir ; en second lieu, pour nous consoler, et enfin, pour être heureuse elle-même. Telle est la vraie loi de nature, et c’est pécher que de s’en écarter.

Carmosine.

Crois-tu cela ?