Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/346

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sans se ruiner jamais ; au moindre geste, au moindre mot, à chaque pas qu’elle fait, sa richesse lui échappe et s’envole autour d’elle, sans qu’elle s’en aperçoive, dans sa grâce comme un parfum, dans sa voix comme une musique, dans son regard comme un rayon de soleil ! Il faut donc bien que celle qui donne tant, se fasse un peu, comme dit le proverbe, la charité à elle-même, et prenne sa part du plaisir qu’elle cause… Ainsi, Carmosine, souriez.

Carmosine.

En vérité, ta folle éloquence mérite qu’on la paye un tel prix. C’est toi qui es heureux, Minuccio ; ce précieux trésor dont tu parles, il est dans ton joyeux esprit. Nous as-tu fait quelques romances nouvelles ?

Elle lui donne un verre qu’elle remplit.
Ser Vespasiano.

Hé ! oui, l’ami, chante-nous donc un peu cette chanson que tu nous as dite là-bas.

Minuccio.

En quel endroit, magnanime seigneur ?

Ser Vespasiano.

Hé, par Dieu ! mon cher, au palais du roi.

Minuccio.

Il me semblait, vaillant chevalier, que le roi n’était pas là-bas, mais là-haut.

Ser Vespasiano.

Comment cela, rusé compère ?