Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/35

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vois à peine ; il passe ses journées chez madame de Blainville. Lui offrir ce petit cadeau, c’était lui faire un doux reproche de son absence et lui montrer qu’il me laissait seule. Au moment où j’allais lui donner ma bourse, il a tiré l’autre.

Madame de Léry.

Il n’y a pas là de quoi pleurer.

Mathilde.

Oh ! si, il y a de quoi pleurer, car j’ai fait une grande folie ; je lui ai demandé l’autre bourse.

Madame de Léry.

Aïe ! ce n’est pas diplomatique.

Mathilde.

Non, Ernestine, et il m’a refusé… Et alors… Ah ! j’ai honte…

Madame de Léry.

Eh bien ?

Mathilde.

Eh bien ! je l’ai demandée à genoux. Je voulais qu’il me fît ce petit sacrifice, et je lui aurais donné ma bourse en échange de la sienne. Je l’ai prié,… je l’ai supplié…

Madame de Léry.

Et il n’en a rien fait ; cela va sans dire. Pauvre innocente ! il n’est pas digne de vous !

Mathilde.

Ah ! malgré tout, je ne le croirai jamais !