Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/358

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Minuccio, à part.

Sot que je suis ! j’oubliais la lettre que Carmosine nous a lue ! À quoi rêve donc mon esprit ? Décidément la raison m’abandonne ; je suis plus poëte que je ne croyais. [Pauvre garçon ! il doit être bien triste, et en conscience, je ne sais trop que lui dire…]

Haut.

Oui, mon ami, le roi me permet de venir ici de temps en temps, ce qui fait que j’ai l’air d’y être quelqu’un ; mais toute ma faveur consiste à me promener en long et en large. On me croit l’ami du roi, je ne suis qu’un de ses meubles, jusqu’à ce qu’il plaise à Sa Majesté de me dire en sortant de table : Chante-moi quelque chose, que je m’endorme. — Mais toi, qui t’amène en ce pays ?

Perillo.

Je viens tâcher d’obtenir du service dans l’armée qui marche sur Naples.

Minuccio.

Tu plaisantes ! toi, te faire soldat, au sortir de l’école de droit ?

Perillo.

Je t’assure, Minuccio, que je ne plaisante pas.

Minuccio, à part.

En vérité, son sang-froid me fait peur ; c’est celui du désespoir. Qu’y faire ? Il l’aime, et elle ne l’aime pas.

Haut.

Mais, mon ami, as-tu bien réfléchi à cette résolution