Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/57

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Madame de Léry.

C’est cependant la vérité pure.

Chavigny.

Si je le croyais, vous me donneriez bien mauvaise opinion des hommes.

Madame de Léry.

Je vous le ferai croire bien aisément. J’ai une vanité qui ne veut pas de maître.

Chavigny.

Ne peut-elle souffrir un serviteur ?

Madame de Léry.

Bah ! serviteurs ou maîtres, vous n’êtes que des tyrans.

Chavigny, se levant.

C’est assez vrai, et je vous avoue que là-dessus j’ai toujours détesté la conduite des hommes. Je ne sais d’où leur vient cette manie de s’imposer, qui ne sert qu’à se faire haïr.

Madame de Léry.

Est-ce votre opinion sincère ?

Chavigny.

Très sincère ; je ne conçois pas comment on peut se figurer que, parce qu’on a plu ce soir, on est en droit d’en abuser demain.

Madame de Léry.

C’est pourtant le chapitre premier de l’histoire universelle.