Aller au contenu

Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La marquise.

Vous appelez cela je ne sais quoi ; vous êtes poli, c’est mon bonnet. Eh bien ! qu’est-ce qu’on dit de moi et de M. Camus ? — Fermez donc cette porte… Il vient un vent horrible.

Le comte, fermant la porte.

On dit que vous pensez à vous remarier, que M. Camus est millionnaire, et qu’il vient chez vous bien souvent.

La marquise.

En vérité ! pas plus que cela ? Et vous me dites cela au nez tout bonnement ?

Le comte.

Je vous le dis, parce qu’on en parle.

La marquise.

C’est une belle raison. Est-ce que je vous répète tout ce qu’on dit de vous aussi par le monde ?

Le comte.

De moi, madame ? Que peut-on dire, s’il vous plaît, qui ne puisse pas se répéter ?

La marquise.

Mais vous voyez bien que tout peut se répéter, puisque vous m’apprenez que je suis à la veille d’être annoncée madame Camus. Ce qu’on dit de vous est au moins aussi grave, car il paraît malheureusement que c’est vrai.

Le comte.

Et quoi donc ? Vous me feriez peur.